Elodie Frégé a gagné ses galons d'artiste avec son précédent album. Et la chanteuse a retenu la leçon du mentor Benjamin Biolay, pour cette
Fille de l'Après-Midi. Inutile de crier sa douleur, mieux vaut la susurrer, ce qu'elle fait d'entrée avec le sensuel
« Depuis toi ». Elle offre tout de même des variations vocales complexes, notamment dans
« Les Heures inertes ». Ce titre swing et charnel est l'un des plus brillants. Elodie tente une diction parlée dans l'ombrageux
« L'inédit ».
« Apparemment », autre titre abouti, confirme son goût pour les mélodies ardentes et troublantes.
« La mélodie Nelson » ? Qui dit influence de Benjamin Biolay, dit désir d'arranger les cordes façon Gainsbourg. La chanteuse a travaillé les arrangements avec son bassiste Benjamin Tesquet, avant que Jean-Philippe Verdin (Readymade FC) prenne en charge la réalisation. Le résultat est à la hauteur, tout en classe et volupté. Elodie a signé la plupart des chansons ; ses textes littéraires et cinématographiques sont parfois trop léchés, mais il ne s'agit pas de donner des clés de lecture.
La fille de l'après-midi ne se dévoile pas ainsi. C'est de profil, qu'elle exhibe sa beauté diaphane. Dans
« Ma folie passagère », elle craint qu'un coup de cutter la sépare de ses démons. Elle se montre tranchante dans « Nous ne parlons pas », à l'ambiance trip-hop. Dans « La Belle et la bête », elle mène un jeu de rôle sur une orchestration sixties. Pas sûr qu'avec ce deuxième extrait, moins percutant que d'autres morceaux, on suive aveuglément cette fille en bas nylon. Pourtant, ce bel album mérite qu'Elodie Frégé revienne en soirée, raconter de nouvelles histoires de filles....